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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 12:34

Gustav Steinbrecht (1808-1885)

 

steinbrecht

 

 

Ecuyer allemand du XIX siècle peu connu hors des pays germaniques, Steinbrecht fut l’un des derniers pratiquants de l’équitation telle qu’elle était enseignée à la cour des rois de France un siècle plutôt.


Très peu connu en France Gustav Steinbrecht est cependant considéré comme une référence du dressage classique dans les pays germaniques. Cet écuyer s’inscrit dans la continuité des principes de l’école d’équitation de Versailles, énoncés par La Guérinnière. Steinbrecht s’est placé, de son vivant, comme le défenseur du dressage classique, de l’équitation véritable, face aux innovations du français Baucher.

La difficulté d’un travail sur Steinbrecht réside dans les sources que l’on peut employer. En effet cet écuyer est peu connu outre Rhin et peu de textes circulent à son sujet, la plupart étant rédigés en allemand et n’étant pas traduit dans d’autres langues. Cet écuyer n’a par ailleurs publié qu’un seul ouvrage qui ne possède qu’une seule édition française. Il est donc difficile de trouver des informations sur Steinbrecht.

 

Biographie :

Les détails de la vie de Steinbrecht sont peu nombreux. Il entreprit des études de vétérinaire qu’il acheva en 1834. C’est manifestement au cours de ces études à Berlin qu’il découvrit l’équitation dans l’écurie du maître Seeger. C’est lorsqu’il termina ses études qu’il décida d’embrasser la carrière d’écuyer. Entre 1841 et 1849 Steinbrecht travailla dans un manège à Magdebourg. Il revint à Berlin pour travailler chez son maître Seeger en 1849, il épousa la nièce de ce dernier. En 1859, Il prend la direction de manège de Dassau. En 1865 Il revient définitivement à Berlin.

A partir de 1860 Steinbrecht rédige une série de notes qui constituent la base de son seul et unique ouvrage : Le Gymnase du cheval. Ayant entreprit la rédaction de cet ouvrage alors qu’il était déjà assez âgé il ne peut le finir et confie la rédaction de la fin du livre à l’un de ses meilleurs élèves, Plinzer.

 

La cavalerie au XIX siècle. Une cavalerie militaire ?

Steinbrecht vit à une époque qui voit l’unification progressive de l’Allemagne sous la houlette de la Prusse. L’écuyer allemand commence à écrire son livre quelques années à peine avant l’unification de l’Allemagne et son écriture se poursuit bien après. Ses fréquents appels à la création d’une académie, d’un conservatoire d’art équestre, sous le patronage d’un état nous montre à quel point l’unité de leur pays a pu susciter des attentes et des espoirs chez les allemands. Ecuyer dévoué aux chevaux Steinbrecht espère que cette unité améliorera le sort de l’équitation. D’autres part au siècle précédent divers souverains ont crée des académies équestres. Le mécénat dans les arts a toujours été un moyen pour un roi ou un Etat d’accroître son prestige. C’est par ce biais là que l’écuyer allemand entend sans doute servir son pays. Il permettra ainsi à l’Allemagne de devenir une nation plus prestigieuse, par l’accroissement de son patrimoine artistique et culturel, tout en améliorant également le niveau de dressage des chevaux de l’armée du Kaiser et la compétence des officier de sa cavalerie. On voit ici à la fois le patriotisme des Allemands du XIX siècle et certaines de leurs tendances belliqueuses. Les tendances guerrières ne sont pas à cette époque l’apanage des Allemands, d’autres nations tiennent également la guerre en haute estime.

La guerre est cependant très présente dans la mentalité allemande durant la période où se fait l’unité politique de ce pays. En effet l’unification de ce territoire se fait en partie par la force des armes. Le XIX siècle est la dernière grande période de l’emploi de la cavalerie comme arme de choc au sein des armées du monde entier. La cavalerie n’est cependant plus utilisée à l’époque de Steinbrecht comme elle l’était autre fois. Au XIX siècle la cavalerie charge en masse. La vitesse, la force et le courage sont les principales qualités requises chez les cavaliers militaires. Il n’est plus question de cavaliers isolés triomphants par leur habileté, comme ce pouvait encore être le cas au siècle précédent. Il n’est plus donc besoin de former les cavaliers et les chevaux à l’art complexe de la haute école en vue du combat comme autre fois. Cet art est bien d’origine guerrière, mais s’inspire des joutes et duels de la noblesse médiévale et moderne. Elle ne convient pas à la philosophie guerrière du XIX siècle. Toute les académies équestres sont en déclin et toutes presque disparues alors que Steinbrecht entame à peine sa carrière d’écuyer. Seule subsiste encore l’école espagnole de Vienne à cette époque. Steinbrecht fait donc figure d’original, d’archéologue ou même de magicien parmi ses contemporains car il est l’un des derniers pratiquants de la haute école telle quelle était pratiquée à Versailles sous le règne des Bourbons. Il utilise des procédés que les plus cultivés considèrent comme préhistoriques et que la plus part des cavaliers ne connaissent plus.

Steinbrecht semble même prendre le contre-pied de son siècle en matière de philosophie équestre. Il base son système autant sur l’enseignement de La Guérinnière que sur l’amour du cheval et le tact du cavalier. Son équitation est affaire de culture et de savoir mais également de sentiments et de sensations. A une époque de progrès scientifique ou tout les cavaliers recherchent un système de dressage unique basé sur un examen scientifique méthodique du cheval, sur la presque mécanisation de cet animal, cela en étonne plus d’un de se contemporains. De part ses procédés hérités de Versailles et son Etat d’esprit Steinbrecht peut être autant vu comme le dernier des écuyers du XVIII siècle que comme un cavalier du XIX siècle.

Steinbrecht prend cependant parti dans les questions équestres de son siècle et non des précédents. Il prend notamment parti sur la question de la nouvelle méthode de dressage inventée par Baucher, ou plutôt il prend parti contre cette nouvelle méthode. Il hérite de son maître Seeger ses connaissances sur l’école de Versailles mais également son anti-bauchérisme forcené. Il réprouve Baucher alors que l’Europe occidentale tout entière se tourne vers lui. Il le rejette en bloc sans même avoir pris la peine d’observer sa méthode dans le détail. Il trouve facilement des exemples pour appuyer son aversion pour cette nouvelle manière dans les nombreux excès, et donc problèmes pour les cavaliers et chevaux, qu’elle a engendrés. Les deux dernier tiers du XIX siècle se résument presque, en matière équestre, à un affrontement entre les partisans de Baucher et ceux de Steinbrecht et de l’école de Versailles. Ces deux groupes seront finalement départagés par les cavaliers de l’équitation civile qui de plus en plus se détournent de la haute école, lui reprochant d’abîmer les chevaux. Peu de cavaliers ont la chance de trouver un maître tel que Baucher ou Steinbrecht pour leur enseigner cet art difficile et à double tranchant si mal employé. En l’absence d’académies équestres pour le préserver et l’enseigner il ne reste cependant plus aux cavaliers du XIX siècle que cet espoir presque vain de trouver un maître compétent pour s’y initier. En conséquence beaucoup font le choix de s’en éloigner et la haute école, qu’elle soit bauchériste ou versaillaise tombe pratiquement dans l’oubli. Ce phénomène commence à se ressentir dès la deuxième moitié du XIX siècle et Steinbrecht le déplore tout particulièrement dans son livre.

 

L’école de Versailles revue et corrigée par le maître allemand :

Le grand principe de l’équitation de Steinbrecht est de monter le cheval dans l’impulsion, dans le mouvement en avant donc, droit de hanches et d’épaules. Ceci afin d’assurer un développement correct et maximum de la force propulsive du cheval. L’idée est de fortifier au maximum l’arrière-main afin de l’amener ensuite, par des assouplissements progressifs, à pouvoir porter une part de plus en plus grande du poids de l’ensemble cheval et cavalier. Cela allège d’autant l’avant main, ce qui lui permet plus de souplesse ce qui est a l’origine du raccourcissement accentué des allures, tout en conservant l’énergie et la capacité de réponse du cheval aux indications du cavalier, et du relèvement des gestes des membres du cheval, donc du rassemblé.

Pour l’écuyer allemand l’assouplissement du cheval, qui mène au rassemblé, se fait par des actions d’ensemble. Steinbrecht veut que l’on assouplisse les chevaux tout d’une pièce et que l’on combatte la résistance de ce dernier dans son ensemble. La pièce maîtresse des assouplissements, l’exercice principal qu’il faut faire pratiquer au cheval quand on veut le mettre en haute école, est pour Steinbrecht l’épaule en dedans. Durant cet air, le cheval marche de côté, les épaules en avant des hanches, de façon plus ou moins prononcée, selon le stade du travail, avec une légère incurvation de l’ensemble de sa tige vertébrale, de la nuque à la queue. Pour le maître allemand tous les autres mouvements, de basse ou de haute école, découlent de l’épaule en dedans. Qu’il s’agisse des appuyers, du piaffer ou de la pesade ou de tout autre air, tous prennent selon lui leur origine dans l’épaule en dedans. Pour Steinbrecht le soin apporté à l’apprentissage de l’épaule en dedans chez le cheval neuf conditionne le reste du travail. Une fois cet exercice mené jusqu'à sa perfection, le reste n’est plus qu’affaire de gymnastique pensée et adaptée pour sa monture. Passer du simple au composé, de l’épaule en dedans aux appuyers[1] puis à airs de haute école et enfin aux sauts d’école.

Il n’existe selon Steinbrecht qu’une seule façon de juger de la correction du dressage d’un cheval, outre la facilité à faire exécuter au dit cheval les airs les plus complexes. Il s’agit de constater si l’appui du cheval sur son mord est correct ou non. En effet dans l’idéal un cheval doit se poser sur le mord, mais sans peser dessus. C’est à cette condition que le cheval montre qu’il est en confiance et se livre totalement à son cavalier. L’impulsion, qualité première du cheval d’école, se transmet alors depuis les postérieurs, à travers toute la colonne vertébrale du cheval jusqu'à sa bouche. Le cavalier la réceptionne alors grâce à son mord et peut la diriger à sa guise afin de faire exécuter au cheval le mouvement qu’il désire. Contrairement à ce que beaucoup de cavaliers ont pu croire en lisant Steinbrecht, pour qu’un cheval ait un appui correct sur la main il ne faut certainement pas qu’il charge les bras de son cavalier avec une partie plus ou moins grande de son poids. Il ne devient pas alors nécessaire pour le redresser de le tenir en permanence, à la force des biceps, avec des mains situées trente à quarante centimètres au-dessus du garrot.

Tout ce système n’est concevable pour l’écuyer allemand que s’il est utilisé par un cavalier doué de tact et qui n’utilise pas son cheval comme une machine. Le tact est pour lui la qualité première du cavalier, car seul le tact peut le guider avec sûreté tout au long du dressage. Cela prend du temps et nécessite de la patience. Il faut aimer le cheval pour le dresser, nous fait comprendre Steinbrecht. Ceci implique de respecter les possibilités naturelles du cheval. Comme il le dit lui-même dans son livre « mieux vaut trop peu trop lentement que trop, trop vite ». Il préconise 4 à 6 ans pour mettre un cheval en haute école. Ce qui n’est pas pour lui incompatible avec un autre emploi du cheval en parallèle bien au contraire, la haute école pouvant à l’occasion rendre de précieux services pour les autres missions que peut avoir à remplir le cheval.

 

Fervent défenseur des principes de La Guérinnière, Steinbrecht fut pris d’une véritable phobie anti-Baucher. Cette nouvelle méthode ne respectait pas selon lui la nature du cheval et menait souvent à les abîmer. Il est vrai qu’un mauvais Bauchérisme peut mener à de tels déboires. Cependant aujourd’hui nombre de cavaliers, germaniques ou non, montrent sur les carrés de dressage internationaux des chevaux forcés, encapuchonnés et dénaturés. Ceci montre que lorsqu’elle est mal interprétée, la méthode Steinbrecht est elle aussi très dangereuse pour les chevaux.

 

Steinbrecht est involontairement en partie à l’origine de ces excès des compétitions de dressage sportives. Il les condamne lui-même dès leurs premières manifestations au XIX siècle. Cependant il a exercé sur le dressage international une influence parfois beaucoup plus positive. Outre les progrès qu’accomplit grâce à lui et ses élèves la cavalerie allemande dans le dressage de ses chevaux ses écrits ont influencés grand nombre d’écuyers à titre individuel. Certains devinrent en partie grâce à la lecture du Gymnase du cheval, des écuyers pratiquant la haute école, auréolés d’une renommée mondiale, comme Nuno Oliveira.

 

 

 

Ses élèves :

Plinzer

Elisa Petzold

 

Ses livres :

Le gymnase du cheval

 

Bibliographie :

Steinbrecht, Gustav, Le gymnase du cheval, (traduction du commandant Dupond)

Henriquet, Michel, « l’art équestre », Encyclopédia Universalis, ed. 2011.

Henriquet, Catherine et Michel, Comportement et dressage, Belin, 2009



[1] Appuyer : mouvement du cheval assimilé à un déplacement latéral. Durant ce mouvement le cheval se déplace à la fois vers l’avant et vers le côté, il est incurvé dans le sens de son déplacement. L’exécution correcte de ce mouvement est d’une grande importance dans le dressage des chevaux.

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commentaires

O
<br /> attention que M. Steinbrecht n'a jamais dit de " monter le cheval dans l’impulsion, dans le mouvement en avant donc, droit de hanches et d’épaules"<br /> <br /> il a dit qu'il fallait veiller à la vivacité du mouvement tout en disposant les épaules correctement en rapport des hanches , un cheval monté ne va pas donner un jeu de l'arriere main normal par<br /> l'opération du saint esprit , mais par la correcte disposition des épaules en rapport des hanches et donc par la flexion costale , flexion qui est d'ailleurs la pierre d'achoppement de la grande<br /> majorité des cavaliers de tous horizons et de tous temps ( de M. F. Baucher pour n'en citer qu'un , ce qui explique les mises en garde que fait M. Steinbrecht dans son livre )<br /> <br /> <br />
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